Les couleurs dans la création : le bleu de prusse



Le bleu de Prusse fut découvert accidentellement par le fabricant de couleurs Johann Jacob Diesbach dans le laboratoire d'alchimie de Dippel, à Berlin en 1706. D'après le récit donné par le chimiste allemand Stahl, Diesbach essayait de produire un pigment rouge carminé à base d’insecte cochenille et d'alun. Habituellement, il faisait bouillir des cochenilles finement pulvérisées dans de l'eau puis il rajoutait de l'alun, du sulfate de fer et de la potasse. Un jour, qu'il était à court de potasse, il en emprunte à son collègue Dippel qui travaillait sur l'huile animale, une préparation à base de sang d'animal. Quand il rajouta cette potasse, qui était contaminée par de l'hexacyanoferrate, il n'obtint pas le rouge carmin attendu. Mais en concentrant le précipité, il eut d'abord du pourpre puis un bleu profond.

Le nom de Bleu de Prusse pour désigner ce pigment bleu foncé apparaît pour la première fois en 1709 dans la correspondance entre Leibniz et Frisch. Dans d'autres lettres, le nom de Bleu de Berlin est utilisé. Ce pigment bleu fut d'abord produit par Diesbach et Frisch, au moins entre les années 1708 et 1716 à Berlin. Frisch en assurait principalement la promotion et la vente ; il en tirait d'ailleurs des profits substantiels. Dippel le produisit aussi aux Pays-Bas, durant son séjour dans ce pays jusqu'en 1714.

Le secret de fabrication du bleu de Prusse fut jalousement gardé durant une vingtaine d'années. Jusqu'à ce que le médecin naturaliste britannique John Woodward publie en 1724 un procédé de production, dans les Philosophical Transactions, sur la base d'une lettre reçue d'Allemagne. L'année suivante, le chimiste médecin Etiénne Geoffroy, révèle aux chimistes français les secrets de fabrication et bientôt toute l'Europe est au courant. Le bleu est alors connu aussi sous le nom de bleu de Paris.

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